Etape 44 - Bogota - Au hasard des rues de la capitale
Lundi 9 juillet 2018. Bogota. Les stigmates des années de plomb sont encore bien présents à travers tout le quartier historique de la capitale. Vitrine du tourisme naissant. Sécuriser les rues à tout prix pour redorer le blason d'un pays mis à feu et à sang pendant trois décennies par les cartels de la drogue, les guérillas et les polices paramilitaires.

Car si aujourd'hui le quartier de la Candelaria est aussi propret que sécurisé par la présence des militaires qui en ferment l'accès, il n'en a pas toujours été ainsi. Revenons donc sur l'histoire récente de la capitale colombienne.

Longtemps restée dans son jus colonial, épargnée par les soubresauts du monde, Bogota verse brusquement dans le tragique à l'aube du XXe siècle avec la Guerre civile des mille jours (1899-1902) menée entre les libéraux et les conservateurs qui met le pays à feu et à sang sans épargner la capitale. Une révolte sanglante qui inaugure presque un siècle de conflits armés.

Le début du XXe offre cependant à la capitale un semblant de répit, la ville cultivant à la fois sa richesse culturelle et artistique (ne l'appelle-t-on as l'Athènes de l'Amérique du Sud ?) et son conservatisme religieux, qui, on le voit, s'affiche encore dans les nombreuses boutiques du centre de la ville.

Mais ce n'est qu'un répit. Au sortir de la guerre, en avril 1948, le maire de Bogota, pourtant si populaire, est assassiné. Sa mort provoque une émeute qui dégénère rapidement en révolte populaire connue sous le nom de "Bogotazo".

Dans la foulée de ce meurtre, la foule s'attaque aux symboles du pouvoir conservateur accusé d'être à l'origine de cet assassinat : ministères, capitaole, cathédrale, églises, couvents, demeures de riches bourgeois, etc. Près de 126 édifices sont incendiés, et bien d'autres détruits.

La Casa del Florero**, qui abrite aujourd'hui le musée de l'Indépendance, est elle, épargnée. Il est vrai que cette demeure coloniale du XVIe siècle demeure un symbole fort avec sont toit de tuiles rouges et sa véranda en bois. Car c'est dans cette demeure que se déroula l'événement qui allait précipiter le pays vers l'Indépendance. Le 20 juillet 1810, deux frères créoles, Antonio et Francisco Morales, brisèrent le vase d'un riche espagnol. Par ce geste, ils voulurent mettre un terme à la colonisation espagnole du royaume de la Nouvelle-Grenade...

A l'angle de la plaza Bolivar, impossible de savoir si l'ancien couvent du XVIIe siècle qui abrita longtemps un collège jésuite, et qui accueille aujourd'hui le Museo Colonial, fut lui aussi épargné par la flambée de violence de 1948.

Toujours est-il que le vieux centre colonial autour de la calle 7 disparaît dans les flammes en quelques heures. On peut l'imaginer encore sur ces photographies prises autour de la calle 9 et 10.

Au total, cette flambée de violence dans la ville fit entre 3.000 et 5.000 morts. Et la spirale de violence ainsi enclenchée va frapper la capitale régulièrement entre 1948 et 1965... Après quoi un autre fléau va s'abattre brutalement sur la ville : la violence et le terrorisme commandités par les barons de la drogue.


Bon allez zou, on file manger dans une petite gargotte placée à deux pas de notre hôtel. Pas vraiment fameux, mais trois fois moins cher que le resto des Sorcières, La Brujera, la veille au soir.



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